Beaucoup de ces nouveaux traitements sont le résultat de nombreuses années de travail et de grandes avancées dans nos connaissances biomédicales. Ils ont également été possibles grâce aux nouvelles technologies qui permettent d’observer les processus des maladies au plus petit niveau, c’est-à-dire cellulaire et moléculaire. Il est nécessaire d’étudier d’abord ces processus dans leurs moindres détails afin d’ouvrir des pistes qui permettront de développer de nouveaux traitements.
Une approche pluridisciplinaire
Si nous voulons influencer efficacement un processus pathologique, nous devons étudier tous les aspects de la maladie.
Un long chemin jusqu’à l’approbation d’un médicament
Lorsque nous avons identifié un facteur dans la maladie, nous cherchons comment l’enrayer. Ainsi, des protéines ont été identifiées qui, dans le cadre de la SEP, jouent un rôle néfaste dans les processus immunitaires. L’étape suivante est de trouver comment contrer l’effet de ces protéines. Pour ce faire, on utilise de plus en plus des produits biologiques tels que les anticorps. Afin de vérifier si ces anticorps ont les effets souhaités, on commence par les tester en laboratoire avec des cellules ou des tissus en provenance de patients. Si le résultat est positif, une communication est faite à la communauté scientifique par l’intermédiaire d’une publication dans une revue scientifique. Il arrive que les médias s’en emparent et annoncent une avancée médicale très prometteuse. Par contre, il faudra encore du temps pour obtenir un nouveau médicament et il y a « loin de la coupe aux lèvres ».
Ensuite, on teste les médicaments potentiels sur des animaux. Il faut en effet vérifier si le produit a également des effets positifs dans des organismes complexes, et surtout s’il n’a pas d’effets indésirables, avant d’en autoriser l’usage chez les patients. Or, la SEP n’existe pas chez les animaux. Les recherches sont donc effectuées sur des rats ou des souris chez lesquels on a créé une maladie semblable à la SEP. Il existe ainsi plusieurs modèles animaux artificiels. L’inconvénient, c’est qu’aucun de ces modèles animaux ne reproduit tous les aspects de la maladie, et par conséquent de nombreux produits actifs chez les animaux peuvent ne pas l’être chez les patients. Pour l’instant, les scientifiques cherchent des modèles qui permettent de mieux prédire l’efficacité d’un médicament.
Le chemin qui mène de la découverte scientifique à la nouvelle application médicale est donc long, complexe et semé d’embûches. Il a fallu du temps pour mettre au point les anticorps monoclonaux qu’on utilise aujourd’hui pour traiter entre autres la SEP et les rhumatismes. Développée dans les années 80, puis mise au point, cette technologie a entraîné un « boom » dans le domaine des nouveaux médicaments biologiques.
Compte tenu du fait que les nouveaux produits actuellement en cours d’essai clinique mettent beaucoup de temps à sortir du laboratoire, il est essentiel de continuer à alimenter le « pipeline », et donc crucial de continuer à investir dans la recherche fondamentale.
Les connaissances acquises aujourd’hui formeront la base des médicaments de demain, peut-être même dans de nombreuses années.
Mais il est tout aussi important que la communication entre les scientifiques et les patients atteints de SEP soit bonne, afin que nous puissions apprendre les uns des autres et déterminer les progrès réalisés en recherche. Une initiative telle que la table ronde sur la SEP organisée depuis plusieurs années déjà par MS Netwerk Limburg montre que la collaboration entre les patients, les thérapeutes, les médecins et les chercheurs est indispensable si nous voulons trouver ensemble de nouvelles solutions à la SEP.
Professor Piet STINISSEN
Président, MS Netwerk Limburg
Doyen de la Faculté de médecine et des sciences de la vie Université de Hasselt