La SEP est associée à une altération fonctionnelle de multiples voies de transmission des informations nerveuses au sein du SNC. Si la démyélinisation est un des éléments cardinaux de la maladie, elle est associée, très rapidement, à une perte en fibres nerveuses (axonopathie). A la phase aiguë, un bloc de conduction est présent, qui diminue la vitesse de propagation de l’influx nerveux, et il est difficile de détecter une perte en fibres nerveuses. L’évolution des conductions au cours du temps permet de faire la part des choses. Les techniques de neurophysiologie (potentiels évoqués – PE) permettent de mesurer les paramètres de conduction de plusieurs voies nerveuses centrales, afférentes (vers le cortex cérébral) ou efférentes (vers la moelle épinière).
Au cours des dernières années, des essais thérapeutiques ont été menés chez l’humain avec des médicaments susceptibles de permettre une neuroprotection ou une promotion de la remyélinisation des fibres nerveuses lésées par le processus inflammatoire. Ces essais sont le fruit de recherches menées chez l’animal dans des modèles de démyélinisation inflammatoire ou non. Le blocage de l’inflammation par les médicaments dont nous disposons aujourd’hui permet aussi une remyélinisation naturelle qui peut expliquer une amélioration fonctionnelle partielle.
De très nombreux paramètres influencent la précision des techniques de mesure à l’aide des PE. La standardisation de la méthodologie est un élément essentiel pour son utilisation pratique au sein d’un groupe de patients qui présentent des lésions inflammatoires dont la sévérité et la topographie peuvent varier grandement.
Néanmoins, plus les voies explorées sont complexes et font intervenir de multiples niveaux d’atteintes potentielles (cerveau, tronc cérébral, moelle épinière), plus la variabilité des résultats risque d’annihiler le bénéfice réel obtenu à l’échelon d’un seul individu.
Ce sont donc surtout les voies visuelles, très fréquemment concernées par la SEP, qui sont étudiées pour apprécier la remyélinisation.
Il faut en effet bien dissocier la réponse du SNC à une agression aiguë (comme une névrite optique) et des situations chroniques. La cinétique d’utilisation d’un médicament est un élément essentiel dans l’obtention de son effet à la phase initiale, alors que son mécanisme d’action peut être complètement différent dans des situations chroniques, fixées.
La combinaison de plusieurs méthodes de mesure fonctionnelles, neurophysiologiques mais aussi en imagerie, est probablement une voie d’avenir pour mieux appréhender l’impact réel d’un médicament promoteur de la réparation du SNC.
En résumé, les techniques de neurophysiologie sont devenues très utiles dans la mesure des perturbations fonctionnelles liées aux lésions de la SEP. Elles permettent de quantifier les désordres de transmission de l’influx nerveux au sein de différentes voies. Les conductions optiques sont les plus simples à explorer et ont fait la preuve de leur utilité dans les essais de médicaments susceptibles de promouvoir la remyélinisation.
Professeur Dominique Dive, CHU du Sart-Tilman, Liège