Onze centres et hôpitaux belges, représentant chacun 18 de ces patients, participeront au projet.
Le cerveau humain se compose de deux grands types de tissu : la matière grise, c'est-à-dire les neurones, et la matière blanche, contenant les axones qui prolongent les neurones. La sclérose en plaques (SEP) a longtemps été considérée comme une maladie auto-immune de la matière blanche du système nerveux central, maladie qui provoque de graves troubles sur plusieurs décennies. Mais au fil des ans, des preuves significatives d'une dégénérescence touchant également la matière grise ont été mises en évidence. On admet aujourd'hui que la SEP entraîne la dégradation et la perte de neurones et d'axones ainsi que l'atrophie de la matière grise et de la matière blanche.
Des informations et mesures objectives concernant le cerveau des patients atteints de SEP ne feront que gagner en importance à l'avenir.
Cette atrophie, également appelée dégénérescence neuronale, consiste en une perte irréversible de tissus cérébraux entraînant une réduction du volume cérébral. Preuve a été faite que la composante neurodégénérative de la SEP est responsable de dégradations irréversibles, elle augure d'infirmités à court et à long terme ainsi que d'un déclin cognitif.Bien que des rechutes puissent être cliniquement attestées, il n'existe actuellement aucune mesure de la dégénérescence neuronale susceptible d'être utilisée dans le cadre médical. Au fur et à mesure que de nouveaux médicaments ayant un effet neuroprotecteur et neuroréparateur gagneront en importance, la mesure de l'atrophie cérébrale jouera un rôle croissant dans le suivi des patients et les choix thérapeutiques.
Un projet unique en son genre
L'imagerie par résonance magnétique (IRM) occupe une place centrale dans le diagnostic et le suivi des patients atteints de SEP. Les images IRM permettent aux radiologues et aux neurologues de voir à l'intérieur du cerveau des patients atteints de SEP et de dénombrer les lésions visuelles. À l'heure actuelle, l'évaluation des lésions cérébrales et l'observation de l'apparition de nouvelles lésions s'effectuent généralement sur la base d'un examen visuel des images IRM (par le radiologue ou le neurologue). Toutefois, cet examen visuel prend énormément de temps, a fortiori lorsque les lésions sont nombreuses, et les résultats dépendent de l'observateur ainsi que de la position du patient dans le scanner. En outre, si le nombre de lésions est calculé sur une base visuelle, le volume total de ces lésions ne fait l'objet d'aucune estimation. Des études ont pourtant montré que le volume des lésions cérébrales d'un patient atteint de SEP a une valeur de pronostic pour les futures dégradations.
Le Groupe Belge d'Etude de la SEP (GBESP) annonce un projet unique en son genre, destiné à évaluer de nouvelles mesures effectuées à partir de l'IRM dans le cas de patients atteints de SEP. Onze centres et hôpitaux belges, représentant chacun 18 de ces patients, participeront au projet.
Comme un grand nombre de patients atteints de SEP passent un examen IRM au moins une fois par an dans le cadre de leurs soins médicaux de routine, le projet n'exigera aucun examen IRM supplémentaire. Au rapport radiologique qui fait d'ores et déjà partie de la procédure viendra s'ajouter une analyse par ordinateur des données de l'IRM. Des programmes informatiques calculeront le volume des matières grise et blanche afin de mesurer la dégénérescence neuronale ainsi que la perte de masse cérébrale. Ces chiffres concernant le volume cérébral des patients atteints de SEP seront ensuite comparés à ceux de sujets sains du même âge et du même sexe. Les neurologues seront alors en mesure d'estimer le volume du cerveau de leurs patients. Outre le calcul du volume des matières grise et blanche, le projet prévoit également le calcul du volume et du nombre des lésions cérébrales. Après le premier examen IRM et les mesures interviendra un examen IRM de suivi afin de calculer le volume du cerveau et des lésions. Ces chiffres donneront une indication de l'évolution de la maladie. Les mesures et les calculs seront effectués par les ingénieurs d'icoMetrix, une spin-off liée aux universités de Louvain et d'Anvers.
Une médecine plus personnalisée
Les neurologues du GBESP compareront ensuite ces mesures aux mesures cliniques du fonctionnement cognitif des patients participants. La cognition constitue un problème aussi fréquent qu'important dans le cas de la sclérose en plaques et le GBESP souhaite vérifier si la détérioration cognitive observée chez les patients atteints de SEP est à mettre spécifiquement en rapport avec l'atrophie de la matière grise. Le deuxième objectif du projet consiste à évaluer la faisabilité clinique de ces mesures IRM afin qu'elles puissent un jour faire partie du suivi médical quotidien des patients atteints de SEP. Des informations et mesures objectives concernant le cerveau des patients atteints de SEP ne feront que gagner en importance à l'avenir. Elles serviront au neurologue pour poser un diagnostic, assurer le suivi de ses patients et prendre des décisions thérapeutiques. Ce projet du Groupe Belge d'Etude de la SEP s'inscrit dans le cadre d'une médecine de plus en plus personnalisée et fondée sur des preuves à destination des patients atteints de SEP dans le monde entier.
Dr Wim Van Hecke, icoMetrix
Pr Dr Guy Nagels, GBESP