Depuis 1992, les interférons (IFNs) et le Copaxone® sont les traitements prescrits en première intention lors que le diagnostic de SEP est posé. Jusque 2005, on estime que 80% des patients suivaient l'un ou l'autre de ces traitements. Depuis 2006, six nouveaux traitements ont été approuvés ou le seront prochainement et actuellement, la proportion de patients sous IFNs ou Copaxone® est descendue à 50%.
Les contraintes d'une injection sous-cutanée ou intra-musculaire et les effets secondaires interviennent pour 75% dans le souhait des patients de changer de traitement. Or, certains nouveaux traitements présentent l'avantage d'être plus efficaces et surtout de pouvoir être prescrits par voie orale.
Pour palier ces inconvénients, les firmes fabriquant les IFNs et le Copaxone® essaient de rendre leur administration plus confortable en utilisant des auto-injecteurs électroniques. Une autre option est de réduire le nombre d'injections en augmentant les doses. Le Copaxone® procure le même bénéfice clinique avec trois injections de 40mg par semaine, qu'avec la posologie actuelle de 20mg tous les jours.
Les IFNs sont de petites molécules et sont rapidement métabolisées. Pour améliorer leur efficacité ils ont été fusionnés avec du polyéthylène glycol (PEG-IFNs). Cette molécule plus grosse, circule plus longtemps parce que lentement éliminée par les reins. Les PEG- IFNs α-2a et 2b ont été synthétisés en 1990 pour traiter l'hépatite C. La forme PEG de l'IFNβ-1a s'appelle BaroFeron® et celle de l'IFN β-1b BIIB017. Le BaroFeron® fait l'objet d'études cliniques phase II dans la SEP et semble bien supporté. Le BIIB017, présenté en seringues pré-dosées, est déjà en phase III. Administré tous les 15 jours il réduit la fréquence des poussées de 35% et, injecté tous les mois, de 27.5%. La progression du handicap est diminuée de 38%. La tolérance est du même ordre que celle des IFNs ordinaires.
Il n'est pas impossible de pouvoir un jour prescrire l'IFN par voie orale. Pour réaliser cette formulation, l'IFN est chargé sous forme de copolymer dans des micro-particules contenant du PEG et d'autres molécules. Cette forme maintient un taux d'IFN plus élevé dans le sang que la forme injectable pendant 24 heures,
Une publication récente suggère qu'il est peut-être possible d'accorder des « vacances thérapeutiques » à certains patients Les auteurs ont arrêté le traitement par IFNs ou Copaxone® chez 40 malades traités depuis au moins 5 ans et restés parfaitement stables, tant sur le plan clinique que radiologique. Surveillés ensuite pendant 4 ans en moyenne, 4 patients seulement ont présenté une récidive de leurs poussées après respectivement 3,4, 5 et 6 ans. Il s'agit vraisemblablement de formes bénignes. Celles-ci posent problème car le diagnostic ne peut être certain qu'après 15 ou 20 ans. Ayant présenté des poussées parfois fréquentes au début, elles doivent être traitées. Ces observations suggèrent cependant qu'après quelques années de stabilité, il serait possible de leur accorder des vacances thérapeutiques sous stricte surveillance et de leur épargner des injections inutiles.
Enfin, il ne faut pas oublier que les IFNs et le Copaxone® ont fait la preuve de leur bonne tolérance, et qu'une meilleure efficacité des nouveaux traitements se paie parfois par une augmentation des risques non négligeable.
Prof Richard E. Gonsette
Président