L’objet de mon projet de recherche clinique est d’étudier la remyélinisation en tant que traitement de la sclérose en plaques progressive, car on sait qu’une remyélinisation insuffisante est l’un des mécanismes pathologiques qui entraînent et se produisent dans le cadre d’une sclérose en plaques progressive. En étudiant le potentiel de la metformine en tant que traitement remyélinisant chez les patients atteints de SEP progressive, ce projet pourrait modifier la prise en charge clinique de ces patients.
La sclérose en plaques (SEP) est une maladie neuroinflammatoire et neurodégénérative courante du système nerveux central (SNC), qui affecte plus de deux millions de personnes dans le monde. Suite à une réaction immunitaire aberrante du patient à son propre cerveau et à sa propre moelle épinière, la myéline, qui est la couche conductrice qui entoure les nerfs, est endommagée. Les signaux qui traversent le système nerveux sont ralentis, ce qui se traduit par des symptômes neurologiques tels que fatigue, troubles de la vue, faiblesse des membres, troubles sensoriels, troubles de la vessie et de démarche. 1
Tous ces symptômes peuvent se manifester au cours de récurrences (c’est-à-dire des épisodes récurrents de détérioration neurologique suivis d’un rétablissement total ou partiel, SEP récurrente, SEP-RR) ou progresser au fil du temps, laissant les patients plus ou moins handicapés (SEP progressive secondaire (SEP-SP) ou primaire (SEP-PP)).2
Dans le cas de la SEP progressive, la remyélinisation ou restauration de la gaine de myéline est perturbée. À l’heure actuelle, les options de traitement approuvées pour la SEP fonctionnent principalement par modulation du système immunitaire, mais ne ciblent pas directement la remyélinisation, et les traitements remyélinisants et neuroprotecteurs ne sont pas disponibles en clinique.34
En clinique, la thérapie combinée constitue une approche intéressante. Ici, la suppression du système immunitaire par un traitement classique est complétée par l’ajout d’une thérapie destinée à améliorer la remyélinisation et donc à protéger les nerfs.5 Des molécules remyélinisantes ont fait l’objet d’études cliniques sur des patients atteints de SEP ; toutefois et malheureusement, leur succès reste très limité à ce jour.6
Récemment, la metformine a été présentée comme un médicament repurposé très prometteur, qui devrait faire immédiatement l'objet d'essais cliniques dans la SEP progressive. 7 La metformine est une molécule utilisée depuis des années dans le traitement du diabète de type 2. Des recherches scientifiques récentes ont montré que ce médicament pourrait également entraîner une remyélinisation. Il a été montré que la metformine joue un rôle important dans la protection des oligodendrocytes, précurseurs des cellules responsables de la formation de la myéline.89 Par ailleurs, il a été démontré que la metformine a des propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires. 10 11 Ainsi, ce médicament bien connu pourrait agir sur différents aspects des mécanismes pathologiques de la sclérose en plaques. L’utilisation de médicaments repurposés, c’est-à-dire de molécules existantes ou disponibles à des fins pharmacologiques ou thérapeutiques nouvelles, présente plusieurs avantages. Leur pharmacologie, leurs doses, leur toxicité potentielle, leur formulation et leurs effets secondaires sont bien connus. Leur temps de développement ainsi que leur coût pour le patient sont considérablement moindres en raison de l’expiration du brevet et de l’accès aux médicaments génériques. 12
Au cours de ce projet de recherche clinique, nous lirons la littérature scientifique afin de déterminer si les options de traitement actuellement utilisées pour la SEP ont un effet (indirect) sur la remyélinisation, et nous comparerons différentes options de traitement.
Dans un deuxième temps, nous réaliserons une étude clinique sur les effets de la metformine par comparaison avec un placebo chez des patients atteints de SEP progressive. Cette étude sera réalisée dans cinq centres de soins différents en Flandre. Au cours de cette étude, les patients feront l’objet d’un suivi clinique régulier avec mesure de la vitesse de marche, de la locomotion fine et de la vitesse de traitement de l’information. À titre de résultats de substitution, la remyélinisation et la neuroprotection seront évaluées au moyen de différentes IRM du cerveau. Enfin, la qualité de vie rapportée des patients et la pression sur les soignants seront évaluées au moyen de questionnaires.
Suivant le résultat de cette étude, il est possible que le traitement des patients atteints de SEP progressive soit modifié.
Toutes les références des études citées sont disponibles sur demande à la Fondation Charcot.