L’insuffisance ou la carence en vitamine D est fréquente dans les régions du nord de l’Europe, puisque 90 % de cette vitamine D est formé au niveau cutané sous l’effet des rayons ultraviolets du soleil. Un faible taux sanguin de vitamine D dans l’enfance et l’adolescence est un facteur prédisposant à développer la sclérose en plaques à l’âge adulte.
Dans une étude finlandaise publiée en mars 2016, les mères en carence de vitamine D au début de leur grossesse multiplient pratiquement par 2 le risque d’une sclérose en plaques chez leurs futurs enfants. Cette vitamine n’est pas seulement importante pour le métabolisme calcique et osseux, mais aussi pour la maturation du système immunitaire. Elle a des propriétés immunomodulatrices.
La prévalence de la maladie est 2 fois plus grande dans le nord et l’est de la France que dans la région Provence-Côte d’Azur, et cette prévalence est inversement proportionnelle à l’irradiation par rayons ultraviolets dans ces régions géographiques, et à la concentration sanguine moyenne en vitamine D des populations concernées.
Chez les personnes déjà atteintes par la maladie, un faible taux de vitamine D est associé à une plus grande activité de la maladie détectée en résonance magnétique cérébrale.
Cette relation inverse a été particulièrement observée dans deux études concernant l’interféron bêta1b (Bétaféron), les études BENEFIT et BEYOND. La présence d’un taux de vitamine D sanguin élevé, compris entre 40 et 60 ng/ml, diminuait de près de 50 % le nombre de lésions actives en imagerie cérébrale. Ces études montraient aussi un effet synergique de la vitamine D et de l’interféron bêta, effets non encore démontrés à l’heure actuelle avec l’acétate de glatiramer ou avec les autres traitements immunomodulateurs utilisés dans la maladie.
Il n’y a pas de toxicité de la vitamine D, même prise à hautes doses, jusqu’à 20.000 unités par jour (une ampoule de D cure contient 25.000 unités). Dans l’état actuel de nos connaissances, maintenir chez les patients atteints de sclérose en plaques un taux de vitamine D sérique entre 40 et 60 ng/ml relève d’un principe de précaution justifié. Il en va de même pour leurs enfants. Deux études scientifiques contrôlées par placebo concernant l’ajout de vitamine D dans le traitement des patients atteints de sclérose en plaques sont en cours ou en voie de finalisation (EVIDIMS et SOLAR). Leurs résultats seront importants pour généraliser l’utilisation de la vitamine D comme traitement d’appoint dans la sclérose en plaques.
Prof Christian Sindic